06.08.16

Immersion dans le monde fantasmé de Soly Cissé

Le Cloître des Billettes, à Paris, accueillait du 14 au 30 juin dernier, l’exposition Spirits in the Wind (littéralement, « Esprits dans le Vent »), entièrement consacrée au Sénégalais Soly Cissé. A 47 ans, c’est l’un des artistes africains contemporains les plus en vue.

Rituels 2, collage, 2015 © Solly Cissé

Rituels 2, collage, 2015 © Solly Cissé

Le Cloître des Billettes, à Paris, accueillait du 14 au 30 juin dernier, l’exposition Spirits in the Wind (littéralement, « Esprits dans le Vent »), entièrement consacrée au Sénégalais Soly Cissé. A 47 ans, c’est l’un des artistes africains contemporains les plus en vue.
Le trait est reconnaissable entre tous. L’univers également. Peuplée de créatures chimériques, allégories de la monstruosité humaine, l’œuvre protéiforme et pluridisciplinaire (peintures, collages, vidéos, installations, sculptures…) de Soly Cissé instaure une mythologie nouvelle et inédite. On peut y voir un clin d’œil aux rites animistes, mais il ne s’agit évidemment pas que de cela. Car Soly Cissé aime laisser vagabonder son imaginaire, donner libre court à ses pulsions ainsi qu’à son inconscient.
C’est pourquoi le plasticien ignore délibérément les règles académiques, brisant ainsi tous les codes, s’affranchissant des frontières stylistiques et matérielles auxquelles les artistes africains sont si souvent cantonnés. « Un bon artiste est par essence international, affirme-t-il. Le talent n’a pas de frontières. Il est universel (…) La diffusion de l’art contemporain africain passe par le filtre de quelques personnes, quelques commissaires, qui font parfois en sorte que l’artiste africain reste naïf et réponde aux attentes du public occidental. On demande souvent à certains de mes collègues de rester dans (…) l’imagerie africaine traditionnelle et exotique ».
Unique mais étonnamment familier, à la limite du figuratif, l’art de Soly Cissé évoque l’audace picturale d’un Picasso, la spontanéité brute et presque puérile d’un Basquiat. Parfois même, dans un collage, sous la silhouette d’une statue lobi (peuple d’Afrique de l’Ouest), on reconnaît un Dubuffet. Des références, plus ou moins évidentes, que l’artiste sème ici ou là et qu’il revendique totalement : « Il ne s’agit pas de copier, mais de bien digérer les influences. Les artistes peuvent emprunter, mais intégrer ces emprunts intelligemment à leur travail. Plus on est influencé, mieux c’est. On peut même ajouter et améliorer, mettre en valeur les œuvres d’origine. C’est la différence entre copier et réinterpréter. Je n’ai jamais eu de conflit, même avec mes propres imitateurs. »

 

Soly Cissé sera l’invité de la 11-ème édition du projet d’échange artistique et culturel Tambacounda-Genève-Dakar (TGD), prévue du 12 septembre au 16 octobre à la Villa Dutoit, à Genève (Suisse)

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