11.05.16

Hommage à Malick Sidibé "L’œil de Bamako"

Studio Malick. La collection d'appareils du maître.

Studio Malick. La collection d’appareils vintage du maître.

Le célèbre photographe malien s’est éteint le 14 avril dernier à l’âge de 80 ans. Il emporte avec lui la mémoire d’une période insouciante, aux premières heures de l’indépendance de son pays, dont il a été un des témoins privilégiés.

Né en 1936 à Soloba, Malick Sidibé s’initie d’abord au métier de bijoutier avant d’être happé par la photographie à la faveur d’une rencontre. Le Français Gérard Guillat, dit « Gégé la pellicule » lui met le pied à l’étrier et l’engage comme apprenti en 1955.

Deux ans plus tard, le studio Malick ouvre ses portes dans le quartier populaire de Bagadadji à Bamako. L’endroit est modeste, mais attire très vite la jeunesse yéyé d’alors. Aussitôt, le photographe devient le reporter privilégié des nuits enfiévrées de Bamako et capture, de fête en fête, l’ambiance joyeuse et débridée de l’époque.

Ces clichés pris dans les années 1960, ainsi que ses portraits de studio, un tantinet espiègles, vont faire sa renommée des décennies plus tard. Révélé au monde lors de la première édition des Rencontres africaines de la photographie à Bamako en 1994, Malick Sidibé acquiert dès lors une notoriété internationale. Ses tirages parcourent les galeries ou musées de la planète et il enchaîne les distinctions : prix de la photographie Hasselblad en 2003, « Lion d’or » d’honneur à la Biennale d’art contemporain de Venise en 2007, prix Photo España Baume & Mercier en 2009.

Peu avant sa disparition, il avait reçu MOYI dans son mythique studio, dans le cadre d’un reportage sur Bamako (à découvrir dans le n°1 du magazine à paraître bientôt). La disparition de cet artiste considéré comme un “trésor national” est, à n’en pas douter, une grande perte pour le continent et pour le monde.

Le mot de MOYI

Malick Sidibé ne s’est jamais mis de barrière : il a tracé sa voie, a trouvé son propre style photographique, en donnant libre cours à sa passion. Son destin aura été exceptionnel : lui qui ne se voyait pas autrement qu’un simple photographe de quartier est devenu un maître dans sa discipline. Ses tirages, reflets de l’époque euphorique de la décolonisation à Bamako, seront désormais empreints d’une inévitable nostalgie.

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