City Guides

Lagos

Lagos, Nigeria – © Sam Makoji, Getty Images

Bienvenue à Lagos, la plus grande ville d’Afrique noire, avec ses quelques 20 millions d’âmes. Le premier mot que vous apprendrez à votre arrivée : « Go slows », expression locale pour désigner les embouteillages gigantesques qui paralysent la mégalopole des petites heures du matin jusque tard dans la nuit. Après avoir traversé le « main land », un vaste tissu urbain de bidonvilles et de quartiers populaires, vous emprunterez le « third Mainland bridge » sur 10 kilomètres, pour atteindre « les îles», où se concentrent l’activité économique et les quartiers résidentiels huppés. Lagos l’électrique n’est pas une ville où l’on flâne. C’est néanmoins une cité de fête et de plaisirs, à condition d’en connaître les codes et les bonnes adresses. Et d’avoir toujours un cd de Fela Kuti dans sa voiture.

par Cécile de Comarmond

Ce city guide faisait partie de notre 5e numéro.

Lagos, Nigeria: Federal Palace Hotel and Casino – @ mtcurado, Getty Images

Où Dormir ?

Se loger coûte cher à Lagos. Vous ne trouverez pas une chambre d’hôtel décente, dans les îles, pour moins d’une centaine d’euros la nuit.

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Avec ses tarifs corrects et ses allures de chambre d’hôtes, le Bogobiri est l’adresse préférée des journalistes, des artistes de passage et des baroudeurs. Les chambres sont décorées avec goût, les couloirs sont remplis d’œuvre d’art et les deux bars font salle comble presque tous les soirs de la semaine.

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Dans un style plus classique, le  Wheatbaker, un hôtel quatre étoiles, offre un service professionnel tout en conservant une taille humaine. Le buffet du déjeuner est délicieux et abondant et les massages du spa sont fameux.
Pour voir et être vu, préférer La Maison Fahrenheit, la dernière adresse à la mode, sur Victoria Island. On aime la décoration chic de bric et de broc, les transats à épaisses rayures aux allures de vacances, au bord de la piscine, et le « rooftop », où se donne rendez-vous la faune jeune et branchée à la tombée de la nuit.

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Parmi les valeurs sûres, le Federal Palace est une institution à Lagos –on dit même que c’est dans ses murs que l’accord d’indépendance du Nigeria a été signé. Une des ailes de l’hôtel a été entièrement refaite et sa grande piscine, bordée de lits à baldaquins, offre une pause agréable loin du tumulte de la ville.

 

Lagos food – © Rimma Bondarenko, Shutterstock

Où manger ?

Jusqu’à très récemment, trouver une bonne table à Lagos relevait presque de la mission impossible. Mais le paysage gastronomique évolue à toute vitesse dans la capitale économique nigériane.

NOK by Alara, est la première adresse en Afrique du pape de la gastronomie africaine contemporaine, le Sénégalais Pierre Thiam. On y déguste une cuisine nigériane raffinée et revisitée –la fameuse soupe « Pepper » agrémentée de langoustes, des pancakes de bananes plantain et manioc, une tarte aux fleurs d’hibiscus—le tout dans un décor design. Pour une cuisine nigériane plus classique –le fameux riz jollof, à base de tomates et d’épices ou des escargots géants–, on se rend au Yellow Chilli.

RSVP est l’adresse branchée du moment. La salle a des allures de loft new-yorkais, et le gratin se presse pour déguster une carte courte mais efficace –hamburgers de luxe, risotto et pièces de boeuf, et surtout des cocktails succulents et inventifs. Le weekend, un DJ fait danser une foule éclectique au bord de la piscine.

Le Sky, restaurant panoramique de l’Eko Hotel, est à réserver aux occasions spéciales. La carte est chère, mais on y va surtout pour picorer une assiette de sushis en buvant des cocktails ou une coupe de Champagne, en admirant les lumières de la ville.

Dans un style plus « roots », on ne peut passer par Lagos sans goûter aux suyas, ces petites brochettes de bœuf et de poulet trempées dans un mélange d’épices, ébouillantées dans l’huile et cuites sur le grill. Les meilleurs suyas se trouvent à Glover Court, un petit kiosque de rue devenu une institution.

Pour un expresso, un cappuccino ou autre plaisir caféiné, on aime l’ambiance décontractée des Cafe Neo, –dont l’Arabica est 100% africain.

Avec ses jolies tables en bois et sa terrasse ombragée, Art Café est une autre option cosy pour vos cafés et apéritifs.

Enfin, la meilleure pizza au feu de bois de Lagos se trouve chez Pizze-Riah, l’adresse la plus prisée de Victoria Island le dimanche soir.

 

ALARA – © Emmanuel Arewa

Shopping

Le concept store ALARA rassemble sur quatre niveaux tout ce que l’Afrique fait de plus beau et de plus chic en terme de design, d’artisanat, de mode. Le tout dans un bâtiment signé David Ajayi, talentueux architecte d’origine ghanéenne dont c’est la première œuvre publique en Afrique. Outre les robes colorées des célèbres stylistes nigérians Duro Olowu et Amaka Osakwe (Maki Oh) –portées, excusez du peu, par Michelle Obama herself– on trouve des escarpins Marni et des pochettes Yves St Laurent.

Pour un sac glamour et 100% nigérian, en cuir de Kano, on fonce chez Zashadu, qui a enfin son adresse à Lagos  (22 Abike Sulaiman, off Adebayo Doherty, Lekki Phase 1, ouvert du mardi au dimanche).

Caché derrière un discret portail, le très chic, Temple Muse propose également une très belle sélection de créations nigérianes pour dames, des œuvres d’art triées sur le volet, et un boudoir où déguster un café, un cupcake fait maison, ou une coupe de Champagne.

L’immense Nike Gallery de l’artiste Nike Davies-Okundaye s’étale sur plusieurs niveaux où sont exposées des œuvres de nombreux peintres nigérians. La sélection est inégale et les prix sont plutôt élevés. Mais l’adresse reste incontournable, ne serait-ce que pour rencontrer cette artiste à l’allure légendaire, souvent vêtue de coiffes spectaculaires.

Enfin, The Jazzhole offre une sélection très pointue de disques nigérians, et quelques livres, à feuilleter autour d’un thé.

© Turizimpressions – Lekki Conservation Center, Canopy walk

Découvrir

The New Afrika Shrine, boîte de nuit du musicien Fela Kuti, le pape de l’Afro-beat, fut un des hauts lieux de la contre-culture nigériane. Des années après sa mort, son fils Femi fait revivre la légende au New Afrika Shrine, un lieu adjacent au précédent, à Ikeja, dans les faubourgs de Lagos. Quand il n’est pas en tournée à l’étranger, Femi y joue le jeudi et le dimanche soir, accompagné de ses infatigables musiciens et de ses danseuses mythiques. Pour une poignée de nairas –entre 5et 10 euros– on a droit à plusieurs heures de spectacle, dans une ambiance détendue et chaleureuse. Pour poursuivre sur les traces de Fela, le Kalakuta Republic Museum est installé dans l’ancienne maison de l’artiste, où il vivait avec ses 27 femmes, toutes épousées le même jour, ses enfants, ses musiciens.
Pour les adeptes de théâtre, cela se passe chez Terra Kulture le dimanche après-midi.
Ce centre culturel rassemble un petit bar-restaurant très agréable, une librairie, une salle d’exposition et une salle de spectacle.
Lagos Island, ancien centre des affaires de la ville, reste un des seuls endroits où il fait bon flâner et se perdre dans le dédale d’échoppes du marché de Balogun et autour de la Grande Mosquée. C’est aussi dans ce quartier que se trouve le Freedom Park, : Cette ancienne prison, triste vestige de l’époque coloniale, a été transformée en parc, où l’on peut se détendre sur l’herbe, en dégustant un smoothie de fruits frais ou un vegan burger . Chaque dernier vendredi du mois, on vient danser au son d’ Afropolitan Vibes, un collectif de musiciens hauts en couleur.
Le Lekki Conservation Centre est une des rares escapades qui permettent de prendre un grand bol d’air le week-end à Lagos. On y pique-nique et on s’y promène, dans une végétation luxuriante, à la recherche des singes, des paons et des oiseaux multicolores. Depuis récemment, on peut prendre de la hauteur et parcourir le parc à la cime des arbres, sur le « canopy path ».

 

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© Kitchen Butterfly

Kitchen Butterfly, an ambassador for Nigerian cuisine
Ozoz Sokoh a la quarantaine et déjà plusieurs vies : cette maman de trois enfants a été pendant quinze ans géologue pour une compagnie pétrolière avant de s’orienter vers une nouvelle carrière dans le fooding, consacrée entre autres à la cuisine, à la dégustation, à la recherche, à la conservation et à la photographie des aliments. Sur son blog, elle livre ses recettes « fusion », des classiques de la cuisine nigériane enrichis d’influences brésiliennes ou asiatiques : salade de manioc et noix de coco, curry de « scent leaves » (une épice locale proche du shiso japonais), granité de vin de palme au sorbet de corossol… Outre ses talents de cheffe privée, Ozoz s’illustre également en tant qu’historienne culinaire et conférencière. Durant de nombreuses années, on pouvait déguster ses bons petits plats lors d’événements culinaires, comme le World Jollof Rice Day (journée mondiale dédiée au riz Jollof) ou les déjeuners mensuels organisés par les blogueurs de Eat Drink Lagos. Elle vit actuellement à Mississauga en Ontario (Canada).

 

© Lagos Photo Festival

The Lagos Photo Festival, or when Africa shows off
Le Nigérian Azu Nwagbogu a créé le festival Lagos Photo, en 2010, afin de donner aux Africains l’opportunité de se réapproprier leur histoire à travers l’image, et créer une communauté de photographes contemporains issus du monde entier. Chaque année, pendant un mois, des clichés sont exposées en plein air à plusieurs endroits de la ville. En marge, on assiste aussi à une série de conférences, de vernissages, de projections, d’ateliers… De grands noms comme Samuel Fosso, Martin Parr ou Cristina De Middel y ont été conviés. Après avoir abordé la question de la fiction lors de la précédente édition, Lagos Photo s’est penché, en 2016, sur la performance et les rituels dans la photographie.

 

Oniru Beach, Lagos – © Peace Itimi

Clubs, an enduring tradition in Lagos
Avant sa création, en 1904, le Lagos Polo Club servait de piste d’atterrissage à l’armée britannique. Aujourd’hui, cette vaste étendue de verdure accueille le tournoi annuel de polo. Un incroyable spectacle, autant sur le terrain que dans les gradins ! Parmi les joueurs, outre les professionnels venus d’Argentine et d’Afrique du Sud, on reconnaît les héritiers des familles les plus influentes du pays, des politiciens ou des industriels du Nord. Quant aux premiers rangs du public, ils sont un véritable who’s who de la haute société nigériane.
Héritage de la colonisation britannique, les clubs restent des lieux très select – on y entre par cooptation – où les contrats se scellent autour d’un Gin Tonic. Les plus connus : l’ Ikoyi Club, qui abrite un splendide golf en plein centre-ville, et le Yacht Club, charmant avec son côté décati, sa vue imprenable sur la mer et le port, et ses piliers de bar, mi-gentlemen, mi-loups de mer.